Je
quitte l'Espagne après vingt-sept ans de vie commune. Une vie bien remplie dans
une ville, Madrid, que j'ai profondément aimée. J'avais dix-sept ans quand je
suis arrivée à Madrid pour la première fois, et je m'y suis établie
définitivement en 1987. J'ai donc passé plus d'années en Espagne que dans ma
France natale.
Sur
mes vingt-sept ans de vie madrilène, j'en ai passé vingt-trois à travailler
pour l'amélioration des relations franco-espagnoles. J'ai eu beaucoup de
chance, car mon amour pour la France et pour l'Espagne a été un moteur puissant
et me mettre au service de leur entente et de leur rapprochement a été
pour moi une évidence. Et lorsque l’évidence est si forte, lorsque l'on trouve
sa véritable vocation, alors le reste n’est pas très compliqué : il n’y a
pas de peur, pas de doute, on est libre et l’énergie peut être utilisée à
travailler sans limite, et avec plaisir. J'avais trouvé ma place.
Malheureusement,
à cause d’escrocs qui ont pris le pouvoir dans l’association dans laquelle je
travaillais, j’ai été virée comme une malpropre en juin dernier, après deux ans
de harcèlement moral.
J'ai élevé mes trois enfants sous le ciel bleu de
Madrid, et ma petite dernière vient de sortir du nid pour aller étudier à
Paris. Les deux grands sont également partis d’Espagne. Madrid sans eux n’a
plus la même saveur, même si je me réjouis qu’ils aient commencé leur vie d’adulte
avec l’envie de croquer le monde.
En septembre 2012, me voilà donc sans job et sans
enfants. Mon mari me dit que, vue la situation, il serait peut être temps que
je commence à envisager de quitter l’Espagne et qu’il pourrait demander une
mutation ailleurs. J’avais alors un projet de monter une boite avec mon meilleur
ami, mais lorsque je lui en ai parlé, il m’a encouragé à couper le cordon avec
Madrid, en me disant que c’était maintenant ou jamais.
Mi septembre, mon mari m’envoie un message : « M’aimes-tu
assez pour me suivre au Kurdistan ? ». Ce à quoi je lui ai répondu immédiatement
et sans réfléchir : « Oui ».
Un peu plus de trois mois après, me voilà dans l’hôtel Lalezar de Sulaymaniyah regardant tomber la neige, et me demandant ce que je
vais devenir.
Plus de job, plus d’enfants sous mon toit, plus de
Madrid, plus d’amis, plus de repère, plus de langue française ni espagnole,
plus de cinéma, plus de tapas. Plus rien de connu.
Un Muezin qui me
réveille à 5h du matin avec son chant mélodieux, du Humus au petit déjeuner et
les collègues de mon mari qui vivent en célibataire, travaillant 10 jours sur
place et rentrant 4 jours voir leur famille restée à l’étranger, « soupas »
au lieu de « merci », voilà quelques éléments qui feront désormais partie de mon
quotidien.
Ce blog est destiné
à ceux qui veulent m’accompagner dans ma découverte de l’Irak. Comment une
femme française, ne parlant ni le kurde, ni l’arabe, baragouinant quelques mots
en anglais, ayant toujours travaillé, ne connaissant personne et ayant une
image de l’Irak telle que nous la vendent nos medias depuis des décennies, va
pouvoir s’adapter un tel environnement ?
Il ne s’agit pas d’une
expatriation, mais bien d’une vraie aventure. Je vous propose donc de suivre
mes tribulations à travers mes nouvelles expériences.
Pour commencer en
beauté, ce midi, le chef de mon mari nous a demandé de ne pas sortir de l’hôtel
pendant quelques jours, car il y a eu une fusillade cette nuit, qui s’est
soldée par deux morts. Et même s’il s’agit d’un règlement de comptes entre deux
familles opposées, il préfère nous savoir à l’abri. J’ai entendu les coups de
feu. Mais je n’ai même pas imaginé qu’il s’agissait d’échange de balles. J’ai
cru qu’il s’agissait d’un volet qui claquait à cause du vent. Or, il n’y avait
pas de vent, et les fenêtres n’ont pas de volets dans ce pays. Il va falloir
que je revoie mes perceptions de la réalité, je crois.
Si, à Marseille ou
à Paris, il ne fallait pas pointer son nez dehors dès que quelqu’un se fait
tuer, je ne sais pas si les gens sortiraient souvent. Mais c’est vrai, je suis
en Irak…
A bientôt pour de
nouvelles aventures !
Je dédie ce blog à
Fred, mon meilleur ami et mon compagnon de tranchée, qui a partagé mon
quotidien ces 20 dernières années et qui m’a aidé à faire le pas et à quitter
Madrid.
Couvrez vous bien.
RépondreSupprimerune bise de Madrid où il ne fait pas chaud.
Jérôme
Merci Jérôme! Bise à toi et aux copains de Madrid que tu ne manqueras pas de rencontrer...;-)
SupprimerBonne Chance
RépondreSupprimerMerci beaucoup! On va en avoir besoin...
Supprimerje vous souhaite, à vous et joel, beaucoup de réussite et de courage dans votre nouvelle vie ! que dieu vous protège ! bises de lorraine, plus précisément de Folkling !
RépondreSupprimerMerci Joséphine!
RépondreSupprimerTouchant ce témoignage.
RépondreSupprimerOn ne se connait pas beaucoup mais ton expérience me fascine et j'aimerais pouvoir t'accompagner en pensée dans cette aventure.
Quant à ton expérience de femme et de mère qui se retrouve à un tournant de sa vie, je te comprends tellement!!!Nous sommes au moins ...2 !
Je t'embrasse et belle vie à toi
Lisa de ...Marie-Galante
Merci Lisa! Avec Jo, on t'attend en Irak! Bises
RépondreSupprimerFlo
Querida Florence
RépondreSupprimerNo hemos coincidido casi en Madrid y te descubro en este blog: te felicito por iniciarlo, y a los dos por ir en vadrouille tan lejos deseando que os vaya todo muy bien.
Prometo leerte. Empiezas muy bien. Lo único que no me gusta es el título... je préfère Flo en Irak).
Bonne chance
Xavier
Mil gracias por el ánimo, Xavier! Lo de "femme" y no "flo", es que mi condición de mujer representa una parte importante de la aventura, creo. Ya lo sabremos dentro de unos meses!
SupprimerBonne continuation!
Chère Florence,
RépondreSupprimerUn témoignage émouvant et merveilleusement écrit, on sent à travers tes mots la force de l'Amour, du manque, de la vraie tolérance et certainement de ton côté « petite fille » qui se s’étonne de la trivialité d'une vie tumultueuse tellement aux antipodes de celle que tu as pu cheminer jusqu'à ce premier dimanche.
Je suivrais avec plaisir et avidité tes aventures irakiennes, certaine que ta nouvelle vie sera telle que tu l’aies toi-même, époustouflante, rare, et riche en découvertes de ton nouveau "chez toi" et de l'autre Florence qui naitra en orient...
Avec mon admiration pour la femme courageuse et conquérante que tu incarnes !
Amitiés,
Delphine de SG Madrid
Mille mercis pour ton magnifique message, Delphine! Je regrette de ne pas avoir pu te dire au revoir de vive voix... Mais je reviendrai à Madrid un de ces jours!
SupprimerTa phrase "l'autre Florence qui naîtra en orient..." me fait bizarre... Mon fils s'appelle Orient! Peut-être que j'étais prédestinée à me rapprocher de l'Orient, après tout!
Un muy fuerte abrazo,
Bonjour Florence,
RépondreSupprimerJe découvre ton blog ce soir, depuis Madrid, aprés ton message collectif Linkedin.
Nous nous sommes rencontrées rapidement il y a 3 ans et j'ai gardé un souvenir admiratif de toi. Je démarrais moi aussi à l'époque mon aventure madrilène tant perso que pro et tes conseils m'avaient bien aidée.
Tu ouvres une nouvelle page de ta vie et démarres donc une nouvelle aventure et pas des moindres ... Sacré courage!
Ton écriture est touchante et lumineuse. Je suivrai ton blog avec plaisir.
Bonne chance à tous les deux !
Isabelle
Merci pour ton gentil message, Isabelle! J'espère que tout va bien pour toi à Madrid et je suis contente d'avoir pu t'être utile à un moment donné...
SupprimerA bientôt!
Bonsoir Florence,
RépondreSupprimerNous nous connaissons peu, très peu, simplement par le biais de l'asso pour laquelle tu as travaillé si longtemps, mais qu'importe, tu m'as incluse dans tes contacts c'est très gentil et j'en suis touchée, et ce sera avec plaisir que je suivrai ton blog qui d'ores et déjà m'émerveille car je sens que tu as vraiment besoin d'écrire "tu vivencia", et en plus tu le fais très bien. Note que je suis un peu de l'avis de Xavier par rapport au titre du blog mais bon, c'est toi l'auteur, pas vrai? Avant toute chose, faites bien attention à vous deux car là-bas le "fogueo" n'existe pas. Amitiés,
Merci beaucoup Catherine! Et tu as raison, le "fogueo" n'existe pas. C'est ce qui fait de l’expérience une véritable aventure... J'ai bientôt un demi-siècle, je suis prête à vivre "pour de vrai"!;-))
SupprimerLa vache... et donc tu es vraiment partie ?!?! nom de nom de nom de nom... ce jour où l'on s'est vus il y a quelques semaines au Petit Prince j'ai pas bien réalisé... mais là j'avoue ça fait bizarre! L'Irak!
RépondreSupprimerBon he bien je serai un fidèle du blog.
Plein de courage et de bonnes choses (le humus au pti dej c'est rock'n'roll quand même :-)
Frédéric
Mais non Frédéric! Le humus au petit dej, c'est délicieux... D'ailleurs j'en prends également au dej et au dîner! J'adore!
SupprimerDommage qu'on se soit retrouvé juste avant que je parte... Bonne continuation à Madrid et un fuerte abrazo!
Dis-toi que tu n'es plus seule maintenant, tu seras entre de bonnes mains = les miennes.
RépondreSupprimerbienvenue à toi ma belle et on va passer de supers moments.
bisous
rundik
Soupas Rundik! Ça me fait chaud au coeur de te savoir dans les parages!
SupprimerA tout bientôt!
Super Florence! C´est magnifique de commencer una aventure à notre âge. Bonne chance. Et tiens nous au courant par ce blog. Laurence
RépondreSupprimerMerci laurence! Dieu soit loué, nous ne sommes pas encore grabataires...
RépondreSupprimer¡Impresionante, Flo!
RépondreSupprimerMucha suerte, te mando un beso enoooorme.
Noa
Mil gracias Noa! Me acuerdo mucho de tí... Espero que estes bien...
RépondreSupprimerUn muy fuerte abrazo!
Bonjour,
RépondreSupprimerVoilà je suis française, j'ai 2 enfants français, et mon concubin est un kurde.
Nous envisageons d'aller vivre au kurdistan.
Mais voilà beaucoup de questions.....
Je connais toute sa famille, que j'adore et eux également!
J'adore leur culture, la cuisine, les musiques, leur paysages.
Mon concubin est parti voir sa famille quelques semaines en juillet, je ne pouvais pas venir car je travaillais encore, et par fautes de moyens, l'avion étant cher pour moi et mes 2 enfants!
Je suis en contact avec lui et sa famille tout les jours, et franchement je les envies!
J'aimerais vraiment correspondre avec vous, que vous me renseigner sur un peu tout!
Je souhaiterais habiter à Sulaymaniak ou dans les environs, je voudrais que vous me renseigner sur l'école française de slémanie, car à Erbil c'est un peu loin je pense.
Ma fille entre en 6éme et mon garçon au cp.
Je souhaiterais aussi trouver un petit travail au kurdsitan.
J espere que je ne vous dérange pas.
Je vous ai ajouter sur Facebook également.
J'adore votre blog!!!
Je vous remercie.
Aurelie